e-3 : la pédagogie repensée

La pédagogie n’est pas née avec le digital.

Tout le monde (ou presque) a entendu parler des écoles Montessori (il en existe plus de 22 000 partout dans le monde !)
Maria Montessori. Grande pédagogue dont l’influence perdure encore aujourd’hui, est née en 1870 dans un petit village italien.
Diplômée de médecine, Maria Montessori s’est consacrée à la recherche sur les pratiques pédagogiques et s’est également inspirée des travaux des médecins français Jean Itard et Edouard Seguin avec un postulat commun que les troubles des déficients mentaux étaient davantage d’ordre pédagogique que médical.
Elle expérimenta ses conseils dans une classe de déficients dont elle avait la charge, et obtint des résultats spectaculaires. C’est alors qu’elle eut l’idée d’utiliser ces méthodes pour l’éducation des enfants « normaux ».

On peut résumer sa méthode pédagogique en « aide-moi à faire seul », le rôle de l’éducateur étant d’amener l’apprenant à être actif dans son apprentissage, via des principes pédagogiques rationnels lesquels pourraient, un siècle après Maria Montessori être appliqués à la formation des adultes.

Les modèles pédagogiques

Nous avons tous ici expérimenté la pédagogie traditionnelle, que ce soit au niveau scolaire ou dans le cadre de formations professionnelles.

Ce type de pédagogie repose sur le modèle transmissif en présentiel: du savoir, du modèle, de l'autorité, de l'effort, de l'individualisme et de la sanction.
Le rôle de l’enseignant est d’expliquer clairement dans le cadre d’un cours magistral.
Le rôle de l’élève est d’écouter attentivement.

2 autres courants pédagogiques doivent également être cités :

Le modèle béhavioriste repose sur l’apprentissage qui a été décomposé en plusieurs étapes intermédiaires. Ce processus d’apprentissage est bien adapté au développement des automatismes pour les choses simples. L’enseignant anime des travaux pratiques, guide et aide les apprenants à résoudre les exercices en levant les difficultés. L’apprenant écoute et réagit en déduisant les comportements souhaitables.

Le modèle constructiviste fait référence aux travaux de Jean Piaget (psychologue et pédagogue) qui a développé les théories dites constructivistes à partir de 1925. Ce principe repose sur la construction des connaissances au cours du développement biologique de l'homme. C'est parce que l'homme est actif qu'il acquiert des connaissances. Ce modèle de pédagogie active est basé sur la psychologie cognitive grâce à un contexte réel d’apprentissage.
L'élève a un rôle proactif car il est un décideur dans sa démarche de construction du savoir, bien qu'il soit accompagné par l'enseignant qui a notamment pour tâche de lui offrir un environnement d'apprentissage riche et stimulant.

e-learning

On retrouve ces courants pédagogiques sous divers angles via l’usage des outils numériques.
Au niveau pédagogique, il s’agit désormais de passer de la transmission du savoir à l’acquisition de compétences, de l’enseignement quantitatif à l’enseignement qualitatif, de la massification à la personnalisation via différents dispositifs.

Pour rappel, l’e-learning dans la formation professionnelle date du milieu des années 90 avec des acteurs issus du web ; il a été considéré à l’époque comme l’eldorado financier d’une part et comme mode de substitution au présentiel d’autre part.
Succès éphémère avec l’explosion de la bulle internet en 2001 d’autant que le client doute alors de l’efficacité pédagogique du E-learning.
De 2002 à 2007, de nouveaux acteurs issus de la formation apparaissent et admettent que certaines formations doivent être assurées en présentiel et d’autres en e-learning. Ceci va donner un nouveau départ au e-learning mais son efficacité vs le présentiel n’est pas totalement admis.
De 2008 à 2012, les pédagogues arrivent à se faire entendre sur le fait que :
le e-learning seul n’est pertinent que dans très peu de cas
Combiner différentes modalités d’apprentissage au sein d’un dispositif de formation répond à des fondamentaux pédagogiques
L’heure du blended learning ou de la formation mixte a sonné.
On ne répond alors plus à un besoin de formation avec une seule modalité mais en combinant plusieurs.

Illustration ci-dessous : Source :La mutation technologique des services formations – Jérôme BRUET / E-Doceo

Le digital learning

Aujourd’hui, le digital learning correspond à une réelle transition : le passage de la technologie comme modalité d’apprentissage à la technologie comme outils intégrés au service de formation.
C’est le passage de l’usage au moyen : la technologie au niveau des moyens et non de la stratégie pédagogique.

Cela se traduit par la numérisation des supports impliquant à la fois : ​
- de nouvelles façons d’apprendre pour les stagiaires
- un travail préparatoire différent pour les formateurs qui doivent alors revoir les outils et moyens mis en œuvre, que ce soit pour des sessions organisées en présentiel ou en e-learning.

Le digital learning implique enfin de prendre en compte un autre élément, celui de la réceptivité des apprenants aux ​nouvelles technologies.
C’est même l’un des points les plus importants car, sans l’aval et la participation des stagiaires, la formation perd de son intérêt.

La vidéo

Vous admettrez facilement que nous n’avons pas tous la même capacité d’assimilation et dans un cours magistral par exemple, cette différence conditionne certains comportements.
L’attention, la compréhension et la mémorisation sont les bases d’une bonne assimilation lors d’un cours magistral.
Or, l’apprenant n’ose pas toujours interrompre le formateur pour solliciter un complément d’information ou une reformulation.
Il se trouve donc parfois dans une situation délicate que, j’en suis sûre, nous avons tous déjà expérimenté au moins une fois.

Réitérer encore la question vous aurait donc fait passer pour quelqu’un d’un peu lourd…
Et de ce fait, l’objectif de l’apprentissage n’apparaît pas optimal.

La vidéo est un moyen d’éviter ce genre de situation tout en favorisant l’apprentissage théorique.
L’apprenant assimile les connaissances à son rythme : il se focalise sur la vidéo donc il est attentif, il mémorise grâce à la possibilité de répétitions et de pauses autant de fois qu’il en éprouve le besoin pour une assimilation efficace.
L’apprenant se trouve dans une expérience positive.
Ce principe est notamment décrit par Salman KHAN (apprentissage des mathématiques et sciences physiques) qui compare cette méthode d’apprentissage à celle du vélo : on répète l’exercice jusqu’à ce que l’on sache et que l’on soit parfaitement autonome.
Ce dispositif permet également un diagnostic des points de progression et un tracking des progrès de l’apprenant, ce qui permet de mieux adapter le présentiel par la suite.
Ceci fait référence à la pédagogie différenciée.

Le blended learning

Au-delà de l’usage de la vidéo, les atouts des outils numériques sont particulièrement nombreux pour passer plus de messages en variant les méthodes d’enseignement.

La pédagogie mixte ou blended-learning est un processus d’apprentissage qui s’articule entre une formation présentielle et une formation en ligne dont les modes et les supports divergent en fonction de la compétence à transmettre à l’apprenant avec un format pédagogique performant et innovant.
Ceci permet de diversifier les modes et les supports de formation en fonction de la compétence à transmettre à l’apprenant.
Ainsi, les supports peuvent être de différentes formes : sons, vidéos, images…

Dans l’approche blended-learning, l'apprenant est mis au centre du dispositif.
Les outils numériques permettent non seulement d’évaluer le niveau des apprenants mais aussi d’adapter de nouvelles formations pour optimiser leurs connaissances.

Dans une véritable approche « blended learning », Les périodes d'enseignement vont alterner avec des périodes de mise en œuvre et de retour sur expérience, dans des parcours pouvant durer plusieurs mois.
Les atouts respectifs de la formation traditionnelle en salle et de différents modes d'apprentissage à distance sont combinés pour servir l'objectif de développement des compétences voulu.

Le présentiel sera centré autour de l’humain et de la mise en pratique qui est primordiale dans le processus d’apprentissage car elle favorise les échanges avec les les exercices de mise en situation.

A la fin de chaque présentiel, les outils numériques permettent de transmettre les savoirs essentiels du cours et vérifier leur maîtrise.
La complémentarité entre les activités en ligne et hors ligne devient totale puisqu’entre chacune de ces sessions, les apprenants pourront avancer à leur rythme grâce à des modules de E-learning combinant révision des cours et exercices en ligne.

Un axe de développement déterminant pour les organismes de formation : la construction d’une offre multimodale efficace

"La capacité des organismes de formation à proposer des dispositifs sur-mesure pertinents et efficaces sera déterminante. Les entreprises de formation devront en effet intégrer de nouvelles compétences (informatiques, technologiques, graphiques). Cela passe notamment par la conclusion de partenariats, car le développement en interne n’est pas toujours financièrement possible ou du moins pertinent. Suivant cette logique, Abilways a ainsi annoncé en octobre 2012 la conclusion d’un partenariat avec le groupe américain Skillsoft, leader mondial du marché du e-lerning, tandis que EFE et CFPJ, sociétés du groupe Abilways, ont signé en décembre 2012 un partenariat portant sur la commercialisation de 1 000 prestations de conseil et de formation basées sur les outils de gestion de talents de l’institut Map’UP"1

"Dans un MOOC, il n’y a plus de guide. Chacun fait ce qu’il veut ! Les inscrits entrent, sortent, regardent sans participer, participent sans avoir lu, participent sur d’autres sujets que ceux qui sont indiqués dans le cours, etc. Très peu vont jusqu’au bout, joue la pièce classique à laquelle de nombreux enseignants croient encore, bien qu’elle ne soit pas explicitement écrite. C’est un effet collatéral de l’abondance, sur lequel se focalisent la plupart des critiques du MOOC."2

Extrait de la Présentation de Christine Vaufrey réalisée lors du colloque du REFAD à Montréal, le 30 mai 2014 2:
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Sources :
(1) Xerfi 700 - La formation professionnelle privée – Mars 2013
(2) Présentation de Christine Vaufrey réalisée lors du colloque du REFAD à Montréal, le 30 mai 2014: FAD : vers des apprentissages massivement personnalisés